Gérard Siu reconduit à la tête du Cluster Maritime

     


30/03/2018
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Gérard Siu reconduit à la tête du Cluster Maritime

A l'occasion de l'élection du nouveau bureau du Cluster Maritime, mardi 27 mars, le Pacte Bleu a été présenté au grand public

Le Cluster Maritime Polynésien a 4 ans. A sa tête : Gérard Siu. L'homme d'affaires et son bureau ont été reconduits pour un mandat de 2 ans. Au cours de l'Assemblée générale du Cluster, le Pacte Bleu, qui prône l'émergence d'une économie bleue plus structurée et dynamique, a été présenté. Le voici :

 

Pour un pacte bleu.

« La mer, l’océan, de tous temps,nous ont enseigné la solidarité,la fraternité, la responsabilité,la détermination,comme des conditions nécessairesà la navigation et à la survie »

Par l’organisation annuelle de ses

« forums de l’économie bleue en Polynésie française »

, les membres du

Cluster Maritime

participent à une mobilisation élargie de la communauté du Maritime, afin qu’elles’interroge et se positionne face aux grands enjeux de développement de nos filières. Il faut poser unregard transversal, constructif, sur nos problématiques structurantes.Notre océan est partout, partout autour de nous, mais également en nous. Il imprègne notrelangue tahitienne : Moana, Aeha’a, Tahatai, Taitua, Tairoto… La plus précise au monde, peut-être, pourdéfinir chaque nuance de nos lagons, de l’océan jusqu’aux différentes formes des vagues. Nos légendessont peuplées de héros navigateurs ou pêcheurs. Le monde polynésien est imprégné de la puissance del’eau. Et nos navigateurs ont écrit l’une des plus magistrales épopées maritimes de tous les temps.Le socle de l’économie maritime repose sur l’importance de notre environnement, de nos éco-systèmes,et la préservation de nos espaces et de nos espèces. C’est un préalable, partagé par tous, qui esttotalement compatible avec un développement économique ambitieux, offrant des perspectives auxnouvelles générations.Sur ce socle, plusieurs piliers sont indispensables à l’évolution de nos secteurs. Nous aimerions proposerde formaliser collectivement cette démarche au travers d’un « Pacte Bleu » pour la Polynésie française (ou

The Polynesian Blue Act

si nous y inscrivons une dimension régionale qui nous semble inévitable). Cepacte, nous pourrions le porter et le défendre ensemble, décideurs privés, unis et rassemblés, etdécideurs publics, politiques et administratifs.Le premier pilier de ce pacte, c’est l’

éducation et la formation professionnelle

. Il nous faut enseigner lamer, dès le plus jeune âge, et jusqu’au plus haut degré de compétences. Nous en avions fait le thème denotre forum de 2015. Et nous espérons, à moyen terme, que l’ambition d’un lycée professionnel de lamer, pensé et constitué de manière progressive, puisse voir le jour dans les prochaines années. De l’écoleprimaire jusqu’à niveaux supérieurs, des filières de formations doivent être structurées etopérationnelles, et l’océan doit submerger nos savoir-faire, il doit devenir l’essence de notre différence,l’essence de notre excellence.

Le second pilier correspond aux

infrastructures et aménagements

 dont nous pourrions disposer. Desfilières pleinement opérationnelles et efficientes doivent pouvoir s’appuyer sur un maillaged’infrastructures nautiques et maritimes adaptées, gérées, bien conçues et modernes. Cette questionétait au cœur de notre forum de 2016. Nous avons souvent abordé la constitution d’un Pôle Polynésiende Réparation Navale, qui implique un espace dédié au cœur de notre zone portuaire. Les objectifs àformaliser au sein de ce « Pacte Bleu » pourrait être d’atteindre l’engagement raisonnable de 5% del’ensemble des dépenses publiques, et d’au moins 25% des dépenses publiques d’investissement enaménagements et infrastructures réalisées et liquidées chaque année pour le maritime — nousconstatons depuis le début de la décennie des dépenses autour de 10% des budgets d’investissement.Dans un Pays géographiquement et essentiellement maritime, cette situation ne peut être considéréecomme satisfaisante.Le troisième pilier tout aussi essentiel, qui était le thème de notre forum de cette année, tient en

l’organisation et le partage de nos espaces maritimes

. La multiplication des flux et des usages nousimpose collectivement une gestion rigoureuse de ces espaces côtiers ou au large. Au travers de ce pacte,il faut à la fois s’engager sur les ressources humaines et les moyens qu’il convient de déployer, publics etprivés. Il faut organiser la surveillance partagée, tant écologique que sociale, de ces espaces et desespèces qui y vivent.Le

transport maritime

doit également bénéficier d’un souffle nouveau, quatrième pilier fondamental,avec une flotte optimisée, moderne, permettant de constituer les réseaux et routes maritimes dont nousavons besoin, que ce soit avec l’international, mais aussi en priorité entre nos îles. Essentiel pourl’approvisionnement de nos archipels, nous avons délaissé trop longtemps cet aspect stratégique pournotre Pays. Nous devons retrouver la fierté de notre flotte marchande et du transport maritime depassagers, des professionnels qui l’animent, courageusement, et sans lesquels aucun développementdurable de notre Pays n’est ni concevable, ni réaliste.

Le cinquième pilier est également incontournable. La réalisation des précédents en dépend. Noussouhaitons

une réorganisation de la gouvernance administrative et politique

 des sujets liés àl’économie bleue. Nos filières sont toutes interdépendantes, et elles se trouvent fragmentées au traversd’un maillage administratif complexe et de différents ministères. Nous proposons la création d’unSecrétariat général du gouvernement spécifique à la mer (SG Mer), assurant la cohérence des politiqueset actions menées, qui puissent être l’interlocuteur administratif, technique et juridique des collectivitéslocales, et la porte d’entrée pour les acteurs privés. Le Cluster est prêt à accompagner activement saconstitution et appuyer toute démarche en ce sens.Le dernier pilier que ce pacte pourrait nous permettre de constituer ensemble, avec les moyens dédiés,un

observatoire de l’économie bleue

. Si nous voulons que nos secteurs soient générateurs d’emplois etd’avenir, nous avons besoin de définir des outils de collectes de données et de pilotage, des tableaux debords fiables, et des méthodes d’évaluations et de suivis partagées et crédibles. Là encore, le ClusterMaritime se veut être un partenaire constructif pour sa mise en place.S’impose à nous, après toutes les réunions tenues, la nécessité d’une concertation large, méthodique etcoordonnée ; dans le même temps, il est exprimé une forte attente pour que la gestion de ces espacess’exerce pleinement à l’échelon local, à proximité des usagers.Pour cela, autre élément fort à retenir, et sur lequel j’aimerai attirer l’attention, c’est au final la questiondes moyens dédiés et des ressources humaines. Nous faisons, collectivement, le constat récurrent d’unmonde maritime qui n’a pas encore véritablement les moyens de ses ambitions dans notre Pays.

Nous connaissons le réservoir de croissance, d’activités, d’innovation et de biodiversité que constituentl’océan, les lagons, les zones côtières. Le baromètre de l’économie maritime que nous réalisons depuis4 ans a aussi cette fonction de faire prendre conscience que nos filières représentent la secondeéconomie du Fenua, mais qu’elles disposent encore, chacune, de véritables potentiels d’expansions.Notre Pays sait se donner les moyens. Il l’a prouvé dans le développement des liaisons aériennes entreles archipels. Il l’a prouvé dans le déploiement des moyens de communication modernes dans les vallées,entre les îles, entre les archipels. Il le prouve encore en reliant nos archipels avec un nouveau câble sous-marin pour le numérique.Nous disposons collectivement de la technicité ; nous disposons collectivement des capacitésd’organisation ; nous disposons même, si nous le décidons, des moyens financiers nécessaires pourimpulser cette croissance maritime, génératrice d’emplois et respectueuse de l’environnement. C’est laraison pour laquelle, au travers de ce Pacte Bleu, nous souhaitons que puisse être provoquée unedynamique de croissance, de responsabilité, et de construction partagée.Nous souhaitons, au Cluster Maritime, que cette vision, que nous souhaitons résolument polynésienne,respectueuse et vertueuse, soit accueillie pour ce qu’elle est : un partage, une contribution, une invitation.Nous sommes embarqués ensemble, sur un même navire, et nous devons naviguer ensemble, malgré lesdivergences, les intempéries ou les avaries. Nous devons faire corps, nous devons être équipiers, nousdevons former un même équipage. C’est l’enseignement principal du monde maritime, c’est notrehistoire, en Polynésie comme partout dans le monde : nous tous, les femmes et les hommes de ce Fenua,professionnels ou riverains, décideurs publics ou investisseurs privés, avec l’humilité nécessaire que nousimpose l’océan, nous ne pourrons maintenir le cap qu’en étant soudés et solidaires.

Te Aroha Ia Rahi.

Cluster